Dans ma pratique, la mise à profit des rêves des patients permet d’avancer dans la thérapie et d’éclaircir parfois certains points du quotidien.
Le rêve est une fonction physiologique vitale chez l’Homme. Chacun a pu avoir l’expérience de l’apparente désorganisation du rêve lorsque l’on en perçoit des traces au réveil ou que l’on essaie de se remémorer celui-ci.
Depuis l’Antiquité, les hommes ont depuis toujours essayé d’analyser leur rêves, comprenant que ceux-ci recèlent un message de soi à soi-même.
Aux côtés de cette approche symbolique du rêve, Sigmund Freud s’est lui aussi penché sur la question : pour lui, il existe un lien avec l’inconscient, ce qui lui permet d’aborder les rêves par le déchiffrage.
Cette approche donne ainsi le jour à la psychanalyse, Freud abandonnant sa théorie de la séduction comme on peut le noter dans le chapitre V de L’Interprétation des Rêves et dans sa correspondance avec Willem Fliess, tout en étant persuadé que la réponse aux symptômes hystériques sur lesquels il bute se trouve au cœur des rêves.
A partir de 1900, S. Freud s’est intéressé au thème du rêve au travers de deux ouvrages que sont L’interprétation des rêves en 1900 et Le rêve et son interprétation en 1926.
Le premier ouvrage marque le point de départ pour la psychanalyse ; l’on y retrouve en effet la plupart des mécanismes psychiques de la psychanalyse ainsi que l’élaboration d’un système psychologique duquel émanera la première topique : inconscient, préconscient, conscient.
Prenant part dans la (psycho)pathologie quotidienne, le rêve a pour but d’épargner au rêveur les excitations extérieures.
Le processus du rêve, dans sa fonction hallucinatoire, tend à permettre au dormeur de satisfaire le désir refoulé dans l’accomplissement de celui-ci.
Par le détournement de l’expérience, il offre une voie royale vers l’inconscient dont le matériel latent s’exprime au travers du contenu manifeste.
Entre ces deux contenus s’opère une déformation, par le biais de quatre mécanismes que sont déplacement, condensation, prise en compte de la figurabilité et élaboration secondaire.
Le déplacement et la condensation qui sont liés et agissent sur les représentations inconscientes en les séparant de leur affect, tendent à rendre le rêve incompréhensible par la modification des représentations dans le but de protéger le repos du sujet.
Le rêve en effet « communique » les idées au moyen d’images et de sensations, le langage n’est que peu élaboré : c’est le rôle de la figurabilité du rêve.
Concernant l’élaboration secondaire, celle-ci intervient légèrement lors du rêve mais principalement lors de la remémoration après coup, marquant le retour de la censure.
En effet, le rêve est un moment d’abaissement des défenses, une régression topique et phylogénétique (du fait de l’universalité du symbolisme qui l’accompagne), ce qui explique la prévalence des processus primaires.
Cette régression permet la mise en scène des désirs, la mise en images des idées. Pour S.Freud, la déformation du rêve est un déguisement pour rendre plus supportable les pensées latentes ; l’analyste doit mettre en lien pour le patient les rêves, « l’amener à reconnaître ses idées refoulées [qui] se sont substituées au symptôme ».
D’ailleurs, lorsque S.Freud nous expose que le rêve est la « décharge psychique d’un désir en état de refoulement, puisqu’il présente le désir comme réalisé », nous pouvons voir ici une allusion au symptôme qui est un aménagement qui satisfait à la fois le désir inconscient et la défense.
Dans la perspective d’entretiens psychothérapiques au cours desquels sont examinés les rêves du patients, il convient de garder à l’esprit que le moment de la remémoration fait appel aux processus secondaires et marque le temps du retour des défenses.
La censure via le Surmoi reprend le pas dans un but de cohérence du récit. Ainsi, au moment de la remémoration, celui-ci peut changer, ce temps est propice à l’association. Il faut alors examiner les temps faibles, les points incertains du récit, ceux qui montrent le plus de résistance et donc ceux qui sont les plus importants.